C - LES TROIS ADORATIONS.
A la question : Que sont le cîbâda, le cabûdiyya et le cabûda, le Cheikh répondit:
Le cîbâda est l'adoration de l'esclave destine à Dieu.
[L'adorateur de ce niveau s'appelle mutacabbid, celui qui s'adonne à l'adoration]
Le cabûdiyya est l'adoration que l'esclave accompli par Dieu.
[L'adorateur de ce niveau s'appelle câbid, ce qui essaie de réaliser l'adoration]
Le cabûda est l'adoration que l'esclave accomplit dans Dieu.
[L'adoration de ce niveau s'appelle äl-cabd, le gnostique]
Ou encore :
-Le cîbâda est la pratique de la loi extérieure (charîca)
-Le cabûdiyya est le cheminement dans
la Voie
(suluuku äl-tarîqa)
-Le cabûda est la contemplation de
la Réalité.
Ou encore :
-Le cîbâda est l'œuvre du voilé.
-Le cabûdiyya est l'œuvre de l'aspirant.
-Le cabûda est l'œuvre du gnostique.
Ou encore :
-Le cîbâda est l'acte des gens de droite. (açhâb äl-yamîn)
-Le cabûdiyya est l'acte des rapprochés (äl-muqarrabîn).
-Le cabûda est la station de ceux qui l'emportent (äl-sâbiqîn) (56:1-16).
Ou encore :
-Le cîbâda est l'œuvre de celui qui se manque à lui même.
-Le cabûdiyya est l'œuvre du modéré.
-Le cabûda est l'œuvre de celui: qui l'emporte au concours du bien. (35:32)
Ou encore :
-Le cîbâda est l'adoration du savant.
-Le cabûdiyya est l'adoration du saint vertueux.
-Le cabûda est l'adoration du gnostique.
Ou encore :
-Le cîbâda est la station de : C'est Toi que nous adorons (1:4)
-Le cabûdiyya est la station de: C'est Toi dont nous implorons le Secours (1:1)
-Le cabûda est la station de l'effacement dans le témoignage de La réalité; la vérité se montre à elle même sans Dhikr.
Ou encore :
-Le cîbâda est l'œuvre des membres extérieurs (jawârih)
-Le cabûdiyya est l'œuvre du cœur (qalb)
-Le cabûda est l’œuvre de l’esprit (rûh)
On peut aussi dire :
-Le mutacabbid est un lauréat dont la récompense est le paradis
-Le câbid est favorisé particulièrement par sa promiscuité de Dieu.
-Le cabd reçoit un satisfecit, l'agrément, [âme satisfaite] et ses cadeaux sont le taçrîf [la disposition] et le khilâfa [l'Intendance de Dieu sur la créature].
Le gnostique, l'Imam äl-buçayrî, a dit, à propos de son maître Abu äl-cabbas äl-marsî :
Dis à celui qui essaie de se rapprocher de sa station
Que le mutacabbid n'est pas comme le cabd.
On peut aussi dire que :
-Le cîbâda est le droit de la ülûhiyya
-Le cabûdiyya est le droit de la wahda
-Le cabûda est le droit de la ähadiyya
Le prophète (PSL) fait référence à cette dernière station dans le hadith:
<<Ni Ma terre ni Mon ciel ne me peuvent me contenir; mais le cœur de mon esclave (cabdî) croyant peut me contenir>>.
Quand la cabûda est sincère, la ähadiyya s'y manifeste et Elle devient elle et elle devient Elle. La khilâfa devient possible et le cabd devient l'Esclave de l'Essence (cbdu äl-zât) et la louange de l'Essence (hamdu äl-zât). Il devient <<très prévaricateur, très ignorant>> (33:72)
Retenons les rennes de la plume, par politesse avec l'Enceinte Scellée, … [de peur de dévoiler ce qui est réservé aux initiés!]
Quant la question sur le cilmu äl-yaqîn (science certaine ou science de la certitude), le caynu äl-yaqîn (La vision certitude) et le haqqu äl-yaqîn (l'expérience vécue de la certitude), je dirais:
La science certaine (cilmu äl-yaqîn) est la foi de l'esclave voilé (mahjûb) que Dieu est unique dans Son Essence, dans Ses Attributs et dans Ses Actes.
La vision certaine (caynu äl-yaqîn) est la foi du serviteur qui est immergé dans la contemplation (muchâhada) que Dieu est unique, qu'il ne subsiste rien avec Lui, mais qui a encore le sentiment de son extinction.
L'expérience de la certitude (haqqu äl-yaqîn) est la perdition totale du serviteur (äl-cabd) dans l'Existence Absolue, de sorte qu'il ne lui reste aucune sensation, ni de lui-même ni de son anéantissement.
La science certaine (cilmu äl-yaqîn) est l'anéantissement du serviteur dans les Actes de Dieu.
La vision certaine (caynu äl-yaqîn) est l'anéantissement du serviteur dans les Attributs de Dieu, ou dans Son Essence mais avec le sentiment de son anéantissement.
L'expérience de la certitude (haqqu äl-yaqîn) est l'anéantissement dans son anéantissement.
La science certaine (cilmu äl-yaqîn) est la foi du serviteur ordinaire (äl-cawwâma) derrière les voiles.
La vision certaine (caynu äl-yaqîn) est la vision du serviteur de la réalité de l'unicité de Dieu avant son anéantissement total. Dieu dit à cet effet <<Puis vous le verrez avec l'œil de la certitude>> (102:7).
Dieu dit [aussi] : <<Alors, hôtel dans une eau bouillante, et précipitation dans l'enfer-Jahîm. Oui, la vraie certitude, c'est cela. >> (56:93-95).
Dieu décrit la vision [de l'enfer] par le terme caynu äl-yaqîn et la combustion dans l'enfer par haqqu äl-yaqîn. Il s'en suit que le cilmu äl-yaqîn est la station des ordinaires, que le caynu äl-yaqîn est la station des particuliers et que le haqqu äl-yaqîn est la station des élus parmi les particuliers.
Tu pourras aussi simplement dire que le cilmu äl-yaqîn est la station de l'Ïslâm, que le caynu äl-yaqîn est la station de l'Ïmân, et que le haqqu äl-yaqîn est la station de l'Ïhsân <<Quoi ! Y a-t-il autre salaire à la bienfaisance [Ihsân], que la bienfaisance>>(55:60)
En résumé, quand le serviteur, s'anéantit dans les Actes Divins, c'est-à-dire, sait avec certitude qu'il n'y a d'autre Acteur en dehors de Dieu, il connaît de science certaine (cilmu äl-yaqîn).
Quand le serviteur, s'anéantit dans les Attributs Divins, c'est-à-dire, sait avec certitude qu'il n'y ni vivant ni aspirant ni entendant ni voyant ni parlant en dehors de Dieu, il accède à ce moment à vision de la certitude (caynu äl-yaqîn).
Enfin quand il sait que <<Il n 'y a …>>, il a déjà accédé au haqqu äl-yaqîn
Dans le secret, il existe des secrets subtils et fins
Pour lesquels notre sang serait versé si nous les dévoilions
O que de secrets substantiels, si je les dévoilais
On me confondrait avec les adorateurs de faux dieux
Des musulmans verraient juste l'écoulement de mon sang
Et verraient le plus ignoble de leur acte comme bon.
Je finis ici ma réponse condensée à cause du manque de temps et des nombreuses occupations. Seul Dieu sait!